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même énergie ! Ah ! dites, mon père, où le trouver ?

— Ma fille, s’écria le moine avec solennité, mon zèle pour l’honneur de votre famille est au-dessus de toute considération.

— Cher père ! reprit la marquise qui le comprit alors parfaitement, je ne sais comment vous remercier !

— Le silence est quelquefois éloquent, repartit le confesseur.

La marquise redevint pensive. Sa conscience lui parlait de nouveau et elle s’efforçait d’en étouffer la voix. Pareille à une personne qui mesure la profondeur d’un précipice sur les bords duquel elle marche en chancelant, elle s’étonnait d’avoir pu arrêter sa pensée sur un projet si horrible. Mais bientôt sa passion se ranimait avec plus de force.

— Il faut cependant préparer les moyens, reprit le moine.

— Oui, en effet… Quand ? Comment ? demanda la marquise avec une agitation fébrile.

— Sur le rivage de l’Adriatique, dans les Pouilles, près de Manfredonia, il y a une maison propre à l’exécution de nos desseins. Elle est isolée, sur le bord même de la mer, en dehors de la route suivie par les voyageurs, cachée dans les bois qui bordent la côte pendant plusieurs milles. Il y a là certaine chambre… Cette maison n’est habitée que par un pauvre pêcheur. Je connais cet homme ; je sais les motifs qui l’ont amené à vivre de cette vie misérable et solitaire.

— Mais, mon père, observa la marquise, vous