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— Madame, je n’ai plus aucun avis à émettre. Je laisse à votre bon esprit le soin de décider avec sa justesse ordinaire.

Et, disant ces mots, il se leva pour se retirer.

La marquise, toute troublée, voulut l’arrêter ; mais il s’excusa, alléguant un devoir religieux.

— Eh bien donc, dit-elle, je ne vous retiens pas, mon père, mais vous savez le cas que je fais de vos avis. Et j’espère que vous ne me les refuserez pas lorsque le moment sera venu.

— Je ne puis que m’honorer de votre confiance, dit le confesseur.

— À demain soir, dit la marquise gravement. J’irai aux vêpres à San Nicolo et, après l’office, je me rendrai dans le cloître. Là nous pourrons nous entretenir sans témoins. Bonsoir, mon père.

— La paix soit avec vous, ma fille, et que la sagesse vous inspire !

Il croisa ses mains sur sa poitrine, et fit un profond salut à la marquise qui demeura seule aux prises avec ses passions tumultueuses.

Le lendemain, à l’heure convenue, la marquise se rendit à San Nicolo et, laissant ses domestiques et son carrosse à une porte latérale, elle entra dans l’église, suivie seulement d’une femme de chambre. Les vêpres achevées, elle attendit que tout le monde fût sorti et pénétra alors dans le cloître. Son cœur était oppressé et sa démarche chancelante. Elle aperçut bientôt Schedoni qui venait à elle. Le confesseur reconnut au premier coup d’œil qu’elle n’avait pas encore pris sa résolution ; mais, quoiqu’il en conçût quelque inquiétude, sa contenance n’en