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— La manière dont vous l’excusez, mon révérend père, dit la marquise tout agitée, témoigne de votre excellent cœur, mais elle met aussi en lumière la bassesse de ses sentiments et nous fait mesurer toute l’étendue des atteintes que sa conduite porte à l’honneur de la famille. Que ces sentiments dégénérés viennent de son esprit plutôt que de son cœur, ce n’est pas là ce qui peut me consoler. C’est assez, pour rendre sa faute impardonnable, qu’elle soit commise et sans remède.

— Sans remède, madame ? reprit Schedoni. N’est-ce pas trop dire ?

— Quoi donc, mon père ? dit la marquise. Resterait-il quelques moyens ?

— Peut-être, articula le moine à voix basse.

— Ah ! dites-les, mon père, dites-les vite, car je n’en imagine aucun.

Schedoni parut se recueillir quelques instants, puis il reprit lentement, en calculant l’effet de chacune de ses paroles :

— Vous excuserez mon trouble, madame. Mais comment puis-je voir une famille si respectable par son ancienneté et son illustration réduite à une telle affliction, sans ressentir l’indignation la plus profonde et sans être tenté de recourir à des moyens… même violents, pour la préserver d’une telle honte.

— Eh ! quels moyens ? s’écria la marquise, puisqu’il n’y a pas de loi pour punir des mariages si criminels !

— Voilà qui est triste ! reprit Schedoni.

— Et pourtant, continua la marquise