Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils en étaient là de leur entretien quand Paolo survint avec un air de mystère.

— Monsieur, dit-il à voix basse, comme j’observais les environs de dessous ce couvert d’amandiers, qui croiriez-vous que j’ai vu descendre la côte qui est là-bas ? Les deux individus qui nous avaient rejoints après le passage du pont. Ils n’ont plus leurs manteaux, ce sont des carmes déchaussés. Oh ! je les ai bien reconnus, ils suivent nos traces peut-être ; j’ai idée que ce sont des capucins qui nous guettent.

— Je les aperçois en effet, dit Vivaldi qui s’était levé. Ils quittent la route et viennent de ce côté. Où est notre hôte ?

— Le voici, répondit Elena, cependant que le berger entrait.

— Mon bon ami, lui dit Vivaldi, je vous prie instamment de ne pas laisser entrer chez vous ces deux moines que vous voyez venir et de faire en sorte qu’ils ne sachent pas quels hôtes vous avez reçus : ils nous ont déjà inquiétés sur la route.

Et comme le paysan paraissait étonné, Paolo se hâta d’ajouter :

— Pour tout vous dire, mon ami, car mon maître est très discret, nous avons été obligés de nous tenir sur nos gardes quand nous les avons rencontrés. Sans cela nos poches auraient pu se retrouver plus légères. Ce sont des gens adroits et je crois, entre nous, que ce sont des bandits déguisés.

— Oh ! oh ! fit le paysan.

— Au surplus, poursuivit Paolo, l’habit qu’ils portent favorise leur entreprise, en ce temps de pèlerinage.