Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vivaldi s’assit sur un banc devant la porte ; et Paolo, placé en sentinelle sous les amandiers, fit honneur à la collation en repassant en lui-même les divers incidents du voyage.

Quand Elena reparut, Vivaldi lui proposa de laisser passer la chaleur du jour avant de se remettre en route ; et, comme il la croyait pour l’instant à l’abri des atteintes de leurs persécuteurs, il renouvela ses instances sur le sujet qui lui tenait le plus à cœur, en lui démontrant tous les dangers auxquels elle continuerait d’être exposée si elle n’avait recours à la sainte protection du mariage. Pensive et abattue, Elena l’écoutait en silence. Elle convenait de la justesse de ses raisons, mais elle en revenait, comme toujours, au manque de délicatesse dont sa conscience aurait à souffrir si elle persistait à s’introduire de force dans une famille qui lui avait marqué tant de répugnance. Sans doute, la barbarie dont on avait fait montre à son endroit la dispensait-elle de toute générosité envers des ennemis si cruels ; mais elle ne pouvait se décider à prendre précipitamment un parti dont dépendait le sort de sa vie entière.

— Je m’en rapporte à vous, dit-elle à son amant : puis-je vous donner ma main, lorsque votre mère…

— Ah ! ne me parlez pas de ma mère ! interrompit Vivaldi. Ne me faites pas souvenir que son injustice et sa cruauté vous avaient réservé la plus horrible des destinées !

En parlant ainsi, Vivaldi marchait à grands pas, la figure contractée par une émotion douloureuse. Il revint quelques moments après s’asseoir auprès d’