Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée


Elena reconnut en effet le pont qu’elle avait franchi avec tant de frayeur. Il était suspendu, entre deux pointes de rocs, au-dessus du torrent qui roulait ses eaux au fond de l’abîme. Vivaldi, apercevant alors sur ce pont des hommes qui venaient de leur côté, trembla à l’idée de les rencontrer.

Si c’étaient de nouveaux pèlerins allant à Notre-Dame du Mont-Carmel, ils pourraient instruire les gens du couvent de la route qu’Elena et lui avaient prise. Il n’y avait cependant aucun moyen de les éviter, le chemin longeant les rochers à pic d’un côté et le précipice de l’autre. Quelques instants s’écoulèrent :

— Les voici, dit Paolo, ils ont tourné la roche et s’avancent vers nous.

— Paix ! dit Vivaldi ; ce sont bien des pèlerins. Tenons-nous cachés sous ce roc jusqu’à ce qu’ils soient passés ; il suffirait d’un mot pour nous perdre. S’ils nous interrogent, je répondrai seul.

Les pèlerins arrivèrent près d’eux, et le chef de la troupe s’adressant à Vivaldi :

— Que Dieu et Notre-Dame du Mont-Carmel vous conduisent ! dit-il.

Et tous répétèrent en chœur :

— Dieu vous conduise !

Vivaldi répéta ce souhait en s’inclinant et, fort heureusement, l’entretien se termina là. Ils passèrent.

Les fugitifs se trouvèrent à l’entrée du pont, et comme ils posaient le pied sur ces planches branlantes, en plongeant leurs regards avec effroi dans les profondeurs de l’abîme, ils entendirent au-dessous