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tenance de l’abbesse pendant qu’elle écoutait la religieuse, et elle crut lire sa destinée dans l’air sévère et les sourcils froncés de l’impérieuse femme. Elle voyait cependant s’écouler le temps qui devait servir à sa délivrance ; mais chaque fois qu’elle osait regarder autour d’elle, elle se figurait que la supérieure et la religieuse suivaient tous ses mouvements et ne la perdaient pas de vue. Après une heure passée dans cette pénible situation, la collation prit fin. Pendant le mouvement général qui se fit alors, Elena se rapprocha de la grille et ramassa vivement le billet de Vivaldi. Elle le cacha dans sa manche et suivit de loin l’abbesse et les religieuses qui quittaient la salle. En passant à côté de sœur Olivia, elle lui fit un signe et se rendit à sa cellule. Arrivée là, elle ferma bien vite sa porte de l’intérieur et, seule enfin, déplia le papier ; mais, dans son impatience, elle laissa échapper la lampe de ses mains et se trouva dans l’obscurité. Elle tomba dans un véritable désespoir. Aller chercher de la lumière, c’était se trahir, c’était compromettre sœur Olivia qui lui avait donné le moyen d’être libre, c’était s’exposer à être jetée en prison sur-le-champ. Attendre était affreux. Attendre quoi ? Il ne lui restait d’espérance que dans la visite de sœur Olivia qui pouvait peut-être venir trop tard pour qu’il lui fût encore possible de suivre les instructions de Vivaldi. Et cependant elle tournait et retournait entre ses mains ce malheureux billet qui renfermait son sort, son avenir, sa vie, et dont elle ignorait le contenu ! Horrible situation ! Au milieu de ses angoisses, elle entend marcher ; une lumière brille à travers la porte ; on l’appelle tout bas, c’est sœur Olivia ! La jeune fille