À ce moment, elles entendirent sonner la cloche qui avertissait les religieuses de se préparer au concert. Sœur Olivia alla chercher un habit et un voile pour Elena, tandis que celle-ci écrivait à Vivaldi le billet qui devait l’instruire de ses dispositions.
Elena, bien cachée sous l’habit et le voile que sœur Olivia lui avait
donnés, descendit dans la salle du concert et se mêla aux religieuses qui
y étaient déjà rassemblées. À l’arrivée de l’abbesse, la crainte d’être
reconnue s’empara d’elle et son trouble même faillit la trahir ; mais la
supérieure, après avoir causé quelques instants avec le père abbé et
quelques étrangers de distinction, s’assit dans son fauteuil et le concert
commença. Le coup d’œil ne manquait ni d’éclat ni de grandeur. Dans
une belle salle voûtée, illuminée par un nombre infini de bougies,
cinquante religieuses environ, dont l’uniforme avait autant de grâce que
de simplicité, étaient groupées autour de la supérieure au maintien
majestueux et sévère et contrastaient avec les têtes vénérables de l’abbé
et de ses religieux, placés en dehors de la grille qui coupait la salle en
deux parties. Près de l’abbé se tenaient plusieurs étrangers de distinction,
vêtus de l’habit napolitain dont la coupe élégante et les couleurs brillantes
se détachaient sur l’aspect sombre du costume monastique. Ce côté de
la salle attirait toute l’attention d’Elena qui espérait y apercevoir