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Ce châtiment est éternel ; la malheureuse reste là, enchaînée dans l’obscurité, et ne reçoit que les aliments nécessaires pour prolonger sa vie et ses souffrances. Nos registres consacrent le souvenir de cette horrible peine, prononcée le plus souvent contre les religieuses qui, désabusées des illusions d’une fausse vocation ou cloîtrées par l’avarice de leurs parents, avaient été surprises dans une tentative de fuite. J’ai vu moi-même un exemple de cette effroyable rigueur. J’ai vu une de ces infortunées victimes entrer dans cette tombe dont elle ne devait plus sortir. J’ai vu ses tristes restes déposés dans le jardin. Belle comme vous, aimée comme vous, elle a langui pendant deux ans sur la paille, privée même de la faible consolation de converser quelquefois avec nos sœurs au travers de la porte ou du soupirail de son caveau. Un châtiment sévère était réservé à celles qui approcheraient de sa prison avec quelques sentiments de compassion. Je m’y suis exposée, je l’avoue, et je l’ai subi, grâce à Dieu, avec une joie secrète.

Elena se jeta en pleurant dans les bras de la bonne religieuse. Celle-ci reprit après un moment de silence :

— Ne doutez pas, mon enfant, que l’abbesse, jalouse de complaire à la marquise, ne saisisse le prétexte de cette offense pour vous plonger dans cet affreux cachot. Ainsi se trouveront accomplis les desseins de vos ennemis, sans qu’on vous oblige à prononcer des vœux. Hélas ! je ne puis douter que demain ne soit le jour marqué pour ce sacrifice, qui n’a été retardé que par la fête d’aujourd’hui.

Elena ne répondit que par un profond soupir, en