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Mais la douceur et l’amabilité qu’on lui avait vantées chez ce personnage tenaient à une sorte de faiblesse qui leur étaient le caractère de vertus. Ou, plutôt, il n’avait que des qualités privées, insuffisantes en pareille circonstance. La peur qu’il avait de se compromettre lui fit écouter, avec une sorte d’impatience, les plaintes mesurées de Vivaldi, et il s’excusa sur le peu d’autorité qu’il avait en des matières qui étaient du ressort de l’administration intérieure des couvents de femmes. Éconduit de la sorte, Vivaldi renonça à tenter de nouveaux efforts sur un tel esprit, endurci par l’égoïsme de la prudence, et résolut de recourir à des moyens détournés qui répugnaient à son cœur loyal ; mais c’étaient les seuls qui lui restaient pour sauver l’innocente victime des préjugés de son orgueilleuse famille.

Elena, retirée dans sa cellule, était en proie à mille sentiments contradictoires de joie, de tendresse et d’inquiétude. Si Vivaldi, qui avait heureusement découvert le lieu de sa prison, réussissait à l’en tirer, il fallait donc qu’elle se remît entre ses mains, démarche que son attachement scrupuleux aux lois de la bienséance ne lui laissait envisager qu’avec effroi. Elle sentait aussi se réveiller ses anciennes répugnances à l’idée de s’introduire, ou par force ou par ruse, dans le sein d’une famille qui la repoussait. Mais, d’un autre côté, tant d’amour, tant de dévouement chez Vivaldi, seraient-ils payés d’une éternelle résistance, et la tendre affection qu’elle avait vouée à un amant si digne de son choix lui permettrait-elle jamais de renoncer à lui sans mourir ? Au milieu de ses perplexités, sœur Olivia lui apporta de tristes nouvelles ;