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eux visiter les chapelles d’un couvent de carmélites qui était le but de leur voyage. Quand Vivaldi entendit parler d’un monastère de religieuses éloigné seulement d’une demi-lieue, il décida d’accompagner les pèlerins ; car il était possible, pensait-il, qu’Elena fût enfermée dans ce couvent. Il se mit donc en marche avec les pèlerins, après avoir donné son cheval au père directeur. Il était nuit close quand ils atteignirent le village où ils devaient se reposer. Avant d’y entrer, ils s’arrêtèrent pour se ranger en procession ; et le supérieur, mettant pied à terre, entonna un cantique que toute la troupe reprit en chœur. Les paysans, attirés par cette musique bruyante, vinrent au-devant d’eux et les conduisirent à leurs chaumières où ils reçurent la plus respectueuse hospitalité. Vivaldi passa une nuit fort agitée, impatient de voir se lever le jour qui allait peut-être lui rendre son Elena. Pour se dérober au soupçon, il chargea Paolo de lui procurer un habit de pèlerin et, de grand matin, il se mit en route avec les autres.

Bientôt, le couvent, ses vieux murs et leurs créneaux se montrèrent à travers les arbres. Arrivé aux premières grilles, l’émotion de Vivaldi s’accrut à la vue du cloître silencieux et désert. Son capuchon baissé sur son visage, il s’avança avec ses compagnons vers l’église, édifice majestueux détaché du reste des bâtiments. Les sons de l’orgue, mêlés à des voix graves, s’élevaient le long des voûtes en une harmonie solennelle, comme on en entend aux grandes fêtes dans les églises de Sicile. Puis, tout à coup, la musique cessa pour faire place au glas d’une