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sur Vivaldi un regard dont la rage eût voulu être mortelle :

— Loin d’ici ! s’écria-t-il, loin d’ici, sacrilège jeune homme ! Frémis des suites de ton impiété !

Puis il s’éloigna brusquement du côté du cloître, et disparut comme une ombre. Vivaldi voulut le suivre, mais il fut arrêté par les moines qui l’entouraient. Irrités par ses discours, ceux-ci le menacèrent, s’il ne sortait du couvent à l’instant même, de l’y retenir, de l’y emprisonner et de lui faire subir les châtiments réservés à quiconque insulte un religieux et le trouble dans ses pratiques de pénitence. Et comme il résistait :

— Conduisons-le au père abbé, s’écria un moine furieux. Jetons-le dans la prison.

Mais, puisant des forces dans son indignation, Vivaldi se tira de leurs mains, sortit de l’église et s’élança dans la rue.

Il arriva chez lui dans un état digne de pitié. Un étranger l’aurait plaint, mais sa mère se montra insensible. Elle triomphait au contraire du succès des plans concertés avec son confesseur et secondés par l’abbesse de San Stefano, avec qui elle était liée. Quelle apparence dès lors qu’elle se laissât toucher par les larmes de son fils et qu’elle renonçât à une entreprise si bien conçue et si heureusement engagée ? Vivaldi le comprit et quitta la marquise dans un état d’abattement voisin du désespoir.

Paolo rendit compte à son maître de l’inutilité de ses tentatives pour retrouver les traces d’Elena, et le jeune homme