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3tf ESTHER;

Sur ce trône facré qu'environne la foudre ;

J*ai cru Vous voir tout prêt à me réduire en poudre.

Hélas, fans frilFonner, quel cœur audacieux

Souti'endroit les éclairs qui partoient de vos yeux î,

Ainli du Dieu vivant la colère étincelle. . , .

ASSUÉRUS.

O foleîl ! O flambeaux de lumière immortelle î Je me trouble moi-même , & fans fréiiuflèment; Je ne puis voir fa peine & fon faififlènient. Calmez , reine , calmez la frayeur qui vous prefïç, Du cœur d'AfTuérus fouverainc maîcreflè , Eprouvez feulement fon ardente amicié. Faut-il de mes états vous donner la moitié ?

E s T H E R.

Hé , fe peut-il qu'un roi , craint de la terre entière , Devant qui tout fléchit, & baife la pouifière , Jette fur fon efclave un regard fi ferein , Et m'oi&e fur fon cœur un pouvoir fouverain î

ASSUÉKUS.

Croyez- moî, chère Efther , ce fceptre , cet empire ,

Et CCS profonds refpcfts que la terreur infpire ,

A leur pompeux éclat mêlent peu de douceur ,

Et fatiguent fouvent leur trifte poflefleur.

Je ne trouve qu'en vous je ne fais quelle grâce ,

Qui me charme toujours, & jamais ne me lafle.

De l'aimable vertu doux & puiflans attraits î

Tout refpire en Efther l'innocence & la paix.

Du chagrin le plus noir elle écarte le*ombres ,

Et fait des jours fereins de mes jours les plus fonxbrcs.

Que dis-je ? Sur ce trône affis auprès de vous ,

Des aftres ennemis j'en crains moins le courroux ,

Et crois que votre front prête à mon diadème

Un éclat , qui le rend refpeûablc aux dieux même.

Ofez donc me répondre , & ne me cachez pas

<3luel fujeç importanç conduit ici yos pas.

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