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DIVERSES. 307

que les ennemis tirafient fans dilconrinuer de deflus le rempart , on fe logea encore dans cette demi-lune fans beaucoup de perte.

Les batteries baffes de la Meufe continuoîent cepen» dant à battre en ruine la branche du demi-baftion & la muraille, qui étoient , comme j'ai dit, le long de cette rivière. Com.me fes eaux étoient alors allez baffes , on s'étoit flatté de pouvoir conduire une tranchée le long d'une langue de terre, qu'elle laiffoit à découvert au pied du rempart ^ & on auroit ainil at- taché bien- tôt le mineur au corps de la place. Mais la Meufe s'étant enflée tout-à-coup par les grandes pluies qui furvinrent, bc qui ne difcontinuerent prefque plus jufqu'à la fin du fiége , on fut obligé d'abandonner ce deflèin , & de s'attacher uniquement aux ouvrages que l'on avoit devant foi.

L'artillerie ne ceffa pendant le troidéme & le qua- trième Juin , de battre en brèche la face & la branche du demi-baftion de la Meufe , & y fit enfin une ouver- ture confîdérable. Les afliégés témoignoient à leur air beaucoup de réfolution , & travailloient même à fe retrancher en-dedans. Mais on les voyoit qui , dans la crainte vrai-femblablement d'un affaut , tranfportoienc dans le château leurs munitions & leurs meilleurs effets. A la fin , comme ils virent qu'on étoit déjà logé fur la pointe du demi-baftion , le cinquième de Juin au matin , le duc de Bourbon étant de jour, ils battirent tout-â-coup la chamade , & demandèrent à capituler. Après quelques propofîtions qui furent rejettes par le roi , on convint entr'autrcs articles : Que les fol- dats de la garnifon entreroient dans le château avec leurs familles &: leurs effets : qu'il y auroit pour cela une trêve de deux jours 5 & que pendant tout le reftc du fiége , on ne tireroit point ni de la ville fur le châ- teau , ni du château fur la ville , avec liberté aux deux partis de rompre ce dernier article , lorfqu'ils le juge- roient à propos, en avertiffant néanmoins qu^ils ne le Youloient plus tenir.

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