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DIVERSES.


cher de louer vos actions héroïques ; ils sont contraints d’avouer que rien n’est capable de vous résister, & le mérite du vainqueur adoucit en quelque sorte le malheur des vaincus.

Ce n’est pas à nous, Sire, à parler des progrès étonnans de vos armes triomphantes nous ne devons pas confondre l’éclat d’une valeur qui n’est que l’objet de l’admiration des hommes, avec ces œuvres saintes qui sont en estime devant Dieu. Le clergé, Sire, s’attachera sur-tout à louer en vous cette piété, qui, toujours attentive aux intérêts de la religion, n’omet rien de ce qui peut être nécessaire pour la relever dans les lieux où elle est abattue, pour l’étendre, au-delà des mers, dans les lieux où elle est inconnue, pour la faire triompher dans l’un & l’autre monde.

Mais, que dis-je ? L’Eglise ne doit-elle pas elle-même consacrer des victoires, que vous avez si heureusement fait servir à la propagation de la foi & à l’extinction de l’hérésie ? Il semble que vous n’ayez combattu & triomphé que pour Dieu, & le fruit que vous avez tiré de la paix nous fait assez connoître quel étoit le principal but de vos victoires. C’est par ces victoires que vous avez établi cette redoutable puissance, qui, tenant désormais vos voisins en bride, ôte aux hérétiques de votre royaume, & l’audace de se révolter, & l’espoir de se maintenir par de séditieux commerces avec les ennemis de l’état.

Si c’eût été la seule ambition qui vous eût armé, jusqu’où n’auriez-vous point étendu votre empire ? Vous vous êtes hâté de finir la guerre, lorsque vous en pouviez tirer de plus grands avantages. Ne sait- on pas que ce n’a été que par l’empressement que vous aviez de donner tous vos soins au progrès de la religion ? La conversion de tant d’ames engagées dans l’erreur vous a paru la plus belle de toutes les conquêtes, & le triomphe le plus digne d’un roi très-chrétien.

Tome III.N