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ŒUVRES


plus florissant empire du monde, que nous la voyons aujourd’hui plus florissante que jamais.

Si elle se souvient encore de les troubles & de ses malheurs passés, ce n’est plus que pour mieux goûter le parfait bonheur donc vous la faites jouir ; elle est sans agitation & sans crainte à l’ombre de votre auto­rité ; elle est même, si j’ose ainsi dire, sans désirs : puisque votre zèle ne lui laisse pas le temps d’en for­mer, & que votre bonté va si souvent au-delà de ses souhaits.

Ce zèle ardent pour la foi, cette bonté pater­nelle dans tous les besoins de l’Eglise, qualités si rares dans les princes, font, Sire, le véritable sujet de nos éloges.

Nous laissons à vos sujets affez d’autres vertus à admirer en vous. Les uns vous représenteront comme un monarque bienfaisant, libéral, magnifique, fidèle dans ses promesses, ferme & inflexible contre toute sorte d’injustice, droit & équitable jusques à pronon­cer contre ses propres intérêts, véritablement maître de ses peuples, & plus maître encore de lui-même.

Les autres vous respecteront comme un roi tou­jours sage & toujours victorieux, dont les impéné­trables desseins sont plutôt exécutés que connus ; qui ne règne pas seulement sur ses sujets par son autorité souveraine, mais sur son conseil par la supériorité de son génie, mais sur les cœurs de ses voisins par la pénétration de son esprit, & par la sagesse dont il fait instruire ses ministres ; qui pouvant tout par lui-même, fait se passer des plus grands hommes, & sans eux, résoudre, entreprendre, exécuter ; qui donne la loi sur la mer aussi-bien que sur la terre ; qui lance, quand il lui plaît, la foudre jusques sur les bords de l’Afrique ; qui fait à son gré humilier les nations su­perbes, & réduire des souverains à venir aux pieds de son trône reconnoître son pouvoir & implorer sa clémence.

Vos ennemis mêmes, Sire, ne peuvent s’empê-

cher