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170 ŒUVRES

lique. J'ai relu avec attention cet endroit de fon hif- toire i fa narration m'a paru fort embarralFce j & de tout ce qu'il dit , je ne vois pas qu'on puiflè tirer au- cune démonftration contre la pureté de la foi de Fra- Paolo.

Il dit même deux chofes qui fcmblent fe contredire ; l'une, que dans le cœur Ha- Paolo étoit Luthérien ; l'autre , qu'il étoit en commerce avec des huguenotj de France. Il avance le premier fait fur un fimple oui- dire 5 il appuie le fécond fur des dépêches de M. Biu- lart , ambaîladeur de France à Venifc, qui font dans la bibliothèque du roi. Ces dépêches portent , dit S'iii , que le nonce du Pape en France ayant furpiis des let- tres de Fra-Paolo à des huguenots, forma le deflein de le déférer à l'inquifition de Venife , & en Uiêiue temps d'en donner avis au fénat , afin que la répu- blique connût de quel théologien elle fe fervoit ; car Fia-Paolo avoir la qualité de théologien de la répu- blique. Mais le nonce ayant fait réHexion qu'ctant miniltre du Pape , le fénar n'aurcit pas grand égard â fon témoinage , s adrcfîa à M. Brûlait, pour le prier de fe thaiger de la chofe , &: de fe plaindre tant au nom du roi fon maître , que pour l'intérêt de la religion , des cabales que Fra-Paoio faifoit avec les calvinilles de France. M. Brulart connciffanc à quel point la république étoit prévenue pour Fia-Paolo , ne jugea pa^ à propos d'inrentcr cette accufation. Cet ambaîla- deur en ai rivant à Vénife , dit Siri , avoir eu la curiolîté â: voir un homme auffi fameux, & voulut lui rendre viiîte : mais Fra-Paolo , qui fe tenoit toujours fur {es gardes, fit dire à l'amballàdcur , qu'étant théologien de la république , il ne lui étoit pas permis d'avo r commerce avec les minilhes des princes , fans per- n^iflion de (es lupérieurs , c'eli-à-dire , du fcnat. Siri ajoute , que l'ambaftadeur fâchant d'ailleurs que c'é' toit un homme fans foi, fans religion, fans confcience, & qui ne crcyoit pas l'immortalité de l'ame , ne fe fou- cia plus de le connoître , & que la chofe en demeura là.

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