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111 ŒUVRES

Rien ne l'épouvante , & il entre fans crainte dans 'es myftères incompréhenfibles de rApocalypfc. C'eft fon livre , il fe plaît à diffiper par Ces lumières les ombres myftérieufes que Dieu a répandues fur ces faintes véri- tés 5 & comme avec l'ombre & la lumière on fait toutes fortes de figures , auffi Defmarêts , avec le feu de fon imagination & l'obfcurité de l'Apocalypfe , forme toute forte de viiîons 8c de fantômes.

C'eft ainfi qu'il a fait cette grande armée de cent çuarante-quntre mille perjonnes, dont il parle tant dans les avis du Saint-Efprit au roi ; Se c'eft ainfi qu'il a formé toutes ces conceptions chimériques & monlirueu- fes , que l'auteur des lettres a rapportées , &c que vous témoignez avoir lues.

Mais , en vérité , pouvez-vous les avoir lues , & parler de Defmarêts comme vous faites , le défendre publiquement , & inventer pour lui tant de faulîes raifons ? Ne craignez-vous point qu'on dife que vous êtes un foldat de fon armée , & qu'on mette dans le rang de Cqs vifions la comparaifon que vous faites de M. le Maître avec lui ? Je vois bien que tout vous eft égal » la vérité & le menfonge , la fageffe & la folie , & qu'il , n'y a rien de lî contraire que vous n'ajuftiez dans vos comparaifons.

Pour vos hiftoires , elles font poétiques ; vous les avez accommodées au théâtre , Se il n'y a perfonnc qui ne fâche que vous avez changé un Gordelier en Capucin. Mais cette faudeté , qui eft fî publiquement reconnue , & qui ôte la vrai femblance à tout le rcfte , décrédite encore moins votre hiftoire , que la conduite que vous attribuez à la mère Angélique. On voit bien que ce n'eft pas elle qui parle , & que cette fainte Rcligieufe étoit bien éloignée de pcnfer à ce que vous lui faites dire dans un conte fî ridicule. Aufli n'cmpêcherez-vous jamais , par de telles fuppofitions , qu'il ne foit véri- table que tous les Religieux ont toujours été bien reçus à Port-Royal ; & l'on n'a que trop de témoins de la charité ôc de la générofîté avec laquelle on y a reçu

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