14 ■ E S TH E Ry
Efther, difoîs-je, Efther, dans la pourpre efl affife l La moitié de la terre à fon fceptre eft foumife l Et de Jéruialem l'herbe cache les murs ? Sion , repaire affreux de reptiles impurs , Voit de fon temple faint les pierres difperfees , Et du Dieu d'Ifrael les fêtes font ceflees î
Elise. N'avez-vous point au roi confié vos ennuis î
E s T H E R. Le roi , jufqu'à ce jour , ignore qui je fuis. Celui par qui le ciel règle ma deftinée , Sur ce fecret encor tient ma langue enchaînée.
Elise. Mardochéc ? Hé peut-il approcher de ces lieux ?
E s T H E R.
Son amitié pour moi le rend ingénieux.
Abfent je le confulte 5 &c Ces réponfes fages,
Pour venir jufqu'à moi , trouvent mille pafTages.
Un père a moins de foin du falut de fon fils.
Déjà même , déjà , par fes fecrets avis,
J'ai découvert au roi les fanglantes pratiques
Que formoient contre lui deux ingrats domeftiques.
Cependant mon amour pour notre nation
A rempli ce palais de filles de Sion ,
Jeunes & tendres fleurs , par le fort agitées ,
Sous un ciel étranger comme moi tranfplantées.
Dans un lieu féparé de profanes témoins ,
Je mets à les former mon étude & mes foins ;
Et c'eft là que fuyant l'orgueil du diadème ,
Lafle de vains honneurs, &: me cherchant moi-même.
Aux pieds de l'Eternel je viens m'humilier ,
Et goûter le plaifîr de me faire oublier.
Mais à tous les Perfans je cache leurs familles.
Il faut les appeller. Venez, venez, mes filles ^
Compagnes autrefois de ma captivité ,
De l'antique Jacob jeune poflérité^
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