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DIVERSES. 109

Grégoire de Nazianzc ne fera rien pour vous , & vous

l'aurez cité contre vous-même. Si vous ne fuivez fon

[ exemple , vous ne pouvez employer fon autorité , &

i vous ne lauriez dire que, parce qu'il a fait une tragédie

fainte , il vous eft permis d'en faire de profanes. ïouc

' ce qu'on peut conclure de-là , c'efl que la poefle eft

1 bonne d'elle-même ; qu'elle eft capable de fervir aux

divins myftères ; quelle peut chanter les louanges de

' Dieu , & qu'elle feroit trcs-innocente , fi les poètes ne

i'avoienc point corrompue.

Cette feule raifon détruit tous hs faux raifonnemens que vous faites, Se que vous concluez, en difant à tous 1 les gens de Port-Royal , que le crime du poète les a îrrf- [ tés contre lapoëjîe. On voit bien que vous avez voulu faire une pointe ; mais vous l'avez faite de travers , & vous deviez dire au contraire que le crime de la poëfie les a irrités contre le poète ; car ils n'ont parlé que des poètes profanes , qui abufent de leur art, &c ils n'ont rien dit qui pût onenfer la poelie. Ils favent qu'elle n'eft point mauvaife de fa nature, & qu'elle eft fanûifiée par les Prophètes, par hs Patriarches, & par les Pères. David, Salomon , faint Profper , ont fait des poëfies ; &, à l?Ur exemple , ceux de Port- Royal en font auffi. Ils ont mis en vers François les plus, au- guftes myftères de la Religion Chrétienne , les plus faintes maximes de la morale Chrétienne, les hymnes, les profes , les cantiques de l'Eglife , & ils ont fait de faints concerts , que les fidèles chantent , & que les anges peuvent chanter.

Il n'y a donc pointdcconféquence ni de proportion de ce qu'ils font avec ce qu'ils condamnent ; de c'eft vai- nement que vous tâchez d'y en trouver, OC que vous comparez la conduite de M. le Maître avec celle de Defmarêts. En vérité , vous ne pouvez rien faire de plus contraire à cette gloire que vous pourfuivez Ci ar- demment. Car quelle eftimc peut-on avoir pour vous , quand on voit que vous comparez fi injuftement deux perfonnes , dont les adlions font autant oppofées qu'el-

(es le peuvent être. i

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