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lU ŒUVRES

Que me fert que ma foi tranfporte les montagnes î Que dans les arides campagnes Les torrens nairtènc fous mes pas î Ou que , ranimam la poulïiere , Elle ^ende aux morts la lumière , Si l'amour ne l'anime pas î

Oui, mon Dieu, quand mes mains de tout mon hérîtag( Aux pauvres feroient le partage ; Quand même pour le nom chrétien , Bravant les cro x les plus infâmes , Je livrerois mon corps aux flammes , Si je n'aime , je ne fuis rien.

Que je vois de vertus qui brillent fur ta trace , Charité , fille de la grâce î Avec toi marche la douceur , Que fuit avec un air affable La patience , inféparable De la paix , fon aimable fœur.

Tel que l'aftre du jour écarte les ténèbres De la nuit compagnes funèbres , Telle tu cbafles d'un coup d'oeil L'envie aux humains (î fatale , Et toute la troupe infernale Des vices , enfans de l'orgueil.

Libre d'ambition , fimple , & fans artifice , Autant que tu hais l'injuftice , Autant la vérité te plaît. Que peut la colère farouche Sur un cœur , que jamais ne touche Le foin de fon propre intérêt ?

Aux foibleiïcs d'autrui loin d'être inexorable , Toujours d'un voile favorable Tu t'efforces de hs couvrir. Quel triomphe manque à ta gloire i L'amour fait tout vaincre , tout croire • Tout efpérer , & tout fouffrir.

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