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PRÉFACE,

en quelque forte un deffein qui m'avoît fouvent pafle dans l'efprit ; qui étoit de lier , comme dans les an- ciennes tragédies Grecques , le coeur & le chant avec l'action, Se d'employer à chanter les louanges du vrai Dieu , cette partie du chœur que les payens em- pîoyoient à chanter les louanges de leurs faufTes divi- nités.

A dire vrai , je ne penfois guère que la chofe dût être aulïi publique qu'elle l'a été. Mais les grandes vé- rités de l'Ecriture , & la manière fuhlime dont elles y font énoncées , pour peu qu'on les préfente, même im- parfaitement aux yeux des hommes, font fî propres à les frapper, & d'ailleurs ces jeunes Demoifelles ont dé- clamé & chanté cet ouvrage avec tant de grâce , tant de modeftie , & tant de piété , qu'il n'a pas été poflible qu'il demeurât renfermé dans le fecret de leurMaifon : de forte qu'un divertifTemenc d'enfans eft devenu le fujet de l'empreflement de toute la cour j le roi lui- même , qui en avoit été touché , n'ayant pu refufer tout ce qu'il y a de plus grands fcigneurs de les y me- ner, & ayant eu la fatisfadion de voir , par le plaifîr qu'ils y ont pris , qu'on fe peut auffi bien divertir aux chofes de piété , qu'à tous les fpeâacîes profanes.

Au relie , quoique j'aie évité foigneufement de mê- ler le profane avec le facré , j'ai cru néanmoins que je pouvois emprunter deux ou trois traits d'Hérodote , pour mieux peindre Affuérus. Car j'ai fuivi le fenti- ment de plufieurs favans interprêtes de l'Ecriture , qui tiennent que ce roi eft le même que le fameux Darius

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