Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

114 ATH A L I E,

De Cédron avec lui traverfant le torrent ,

J'irai dans le déiert, où jadis en pleurant,

Et cherchant comme nous fon faJut dans la fuite,

David d'un fils rébelle évita la pourfuite.

Je craindrai moins pour lui les lions & les ours. . .

Mais pourquoi de Jchu refufer le fecours î

Je vous ouvre peut-être un avis falutaire.

Faifons de ce tréfor Jéhu dcpofitaire.

On peut dans fes états le conduire aujourd'hui ,

Et le chemin eft court qui mène jufqu'à lui.

Jéhu n'a point un cœur farouche , inexorable ;

De David à fes yeux le nom eft favorable.

Hélas , eft-il un roi fi dur Se fi cruel ,

A moins qu'il n'eût pour mère une autre Jézotcl,

Qui d'un tel fuppliant ne plaignît l'infortune I

Sa caufe à tous les rois n'eft-elle pas commune ?

J O A D.

Quels timides confeils m'ofez-vous fuggérer î En l'appui de Jéhu pourricz-vous efpérer î

J O s A B E T.

Dieu défend-t-il tout foin & toute prévoyance i Ne l'ofFenfe-t-on point par trop de confiance ? A fes deiîeins facrés employant les humains, N'a-t-il pas de Jéhu lui-même armé les mains î

J o A D.

Jéhu , qu'avoir choifi fa fageflè ptofonde ,

Jéhu , fur qui je vois que votre efpoir fe fonde ,

D'un oubli trop ingrat a payé fes bienfaits.

Jéhu laifle d'Achab l'afiircufe fille en paix ;

Suit des rois d'Ifrael les profanes exemples î

Du vil dieu de l'Egypte a confervé les temples,

Jéhu , fur les hauts lieux enfin ofant offrir

Un téméraire encens que Dieu ne peut foufFrir ,

N'a, pour fervii fa caufe & venger fes injures ,

Ni le cœur affez droit , ni les mains afiTcz pures.

Non , non , c'eft à Dieu fcul qu'il faut nous attacher.

Montrons Eliacin j ôc, loin de le cacher ,

�� �