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Laissez-moi relever ces voiles détachés,
Et ces cheveux épars dont vos yeux ſont cachés.
Souffrez que de vos pleurs je répare l’outrage.

Bérénice

Laiſſe, laiſſe, Phénice, il verra ſon ouvrage.
Et que m’importe, hélas, de ces vains ornemens ?
Si ma foi, ſi mes pleurs, ſi mes gémiſſements ;
Mais que dis-je mes pleurs ? ſi ma perte certaine,
Si ma mort toute prête enfin ne le ramène !
Dis-moi, que produiront tes ſecours ſuperflus,
Et tout ce foible éclat qui ne le touche plus ?

Phénice

Pourquoi lui faites-vous cet injuſte reproche ?
J’entens du bruit, Madame, & l’empereur s’approche.
Venez, fuyez la foule, & rentrons promptement ;
Vous l’entretiendrez ſeul dans votre appartement.


Scène III.

TITUS, PAULIN, Suite.
Titus

De la reine, Paulin, flattez l’inquiétude.
Je vais la voir. Je veux un peu de ſolitude.
Que l’on me laiſſe.

Paulin, à part.

Que l’on me laiſſe. Ô ciel ! que je crains ce combat !
Grands dieux, ſauvez ſa gloire & l’honneur de l’état !
Voyons la reine.