Ce coup, ſans doute, eſt rude ; il doit vous étonner.
Après tant de ſermens Titus m’abandonner !
Titus qui me juroit… Non, je ne le puis croire :
Il ne me quitte point, il y va de ſa gloire.
Contre ſon innocence on veut me prévenir.
Ce piège n’eſt tendu que pour nous déſunir.
Titus m’aime, Titus ne veut point que je meure.
Allons le voir. Je veux lui parler tout à l’heure,
Allons.
Quoi ? vous pourriez ici me regarder !…
Vous le ſouhaitez trop pour me perſuader.
Non, je ne vous crois point. Mais quoi qu’il en puiſſe être,
Pour jamais à mes yeux gardez-vous de paroître.
Ne m’abandonne pas dans l’état où je ſuis.
Hélas, pour me tromper je fais ce que je puis.
Scène IV.
Ne me trompai-je point ? L’ai-je bien entendue ?
Que je me garde, moi, de paroître à ſa vûe !
Je m’en garderai bien. Et ne partois-je pas,
Si Titus, malgré moi, n’eût arrêté mes pas ?
Sans doute il faut partir. Continuons, Arſace.
Elle croit m’affliger. Sa haine me fait grace.
Tu me voyois tantôt inquiet, égaré ;
Je partois amoureux, jaloux, déſeſpéré ;
Et maintenant, Arſace, après cette défenſe,
Je partirai peut-être avec indifférence.