Je veux que vous parliez.
Madame, encore un coup, vous louerez mon ſilence.
Prince, dès ce moment contentez mes ſouhaits,
Ou ſoyez de ma haine aſſuré pour jamais.
Madame, après cela, je ne puis plus me taire.
Hé bien, vous le voulez, il faut vous ſatiſfaire.
Mais ne vous flattez point. Je vais vous annoncer
Peut-être des malheurs où vous n’oſez penſer.
Je connois votre cœur. Vous devez vous attendre
Que je le vais frapper par l’endroit le plus tendre.
Titus m’a commandé…
Quoi ?
Qu’à jamais l’un de l’autre il vous faut ſéparer.
Nous ſéparer ? Qui ? Moi ? Titus de Bérénice ?
Il faut que, devant vous, je lui rende juſtice.
Tout ce que, dans un cœur ſenſible & généreux,
L’amour au déſeſpoir peut raſſembler d’affreux,
Je l’ai vu dans le ſien. Il pleure, il vous adore.
Mais enfin, que lui ſert de vous aimer encore ?
Une reine est ſuſpecte à l’empire romain.
Il faut vous ſéparer, & vous partez demain.
Nous ſéparer ! Hélas, Phénice !
Il faut ici montrer la grandeur de votre ame.