ACTE III.
Scène Première
Quoi, prince, vous partiez ? Quelle raiſon ſubite
Preſſe votre départ, ou plûtôt votre fuite ?
Vouliez-vous me cacher juſques à vos adieux ?
Eſt-ce comme ennemi que vous quittez ces lieux ?
Que diront avec moi, la cour, Rome, l’empire ?
Mais, comme votre ami, que ne puis-je point dire ?
De quoi m’accuſez-vous ? Vous avois-je, ſans choix,
Confondu juſqu’ici dans la foule des rois !
Mon cœur vous fut ouvert tant qu’a vécu mon père :
C’étoit le ſeul présent que je pouvois vous faire.
Et lorſqu’avec mon cœur ma main peut s’épancher,
Vous fuyez mes bienfaits tout prêts à vous chercher :
Penſez-vous qu’oubliant ma fortune paſſée,
Sur ma ſeule grandeur j’arrête ma penſée ;
Et que tous mes amis s’y préſentent de loin
Comme autant d’inconnus, dont je n’ai plus beſoin ?
Vous-même, à mes regards qui vouliez vous ſouſtraire,
Prince, plus que jamais vous m’êtes néceſſaire.
Moi, Seigneur ?
Vous.
Que pouvez-vous, Seigneur, attendre que des vœux !
Je n’ai pas oublié, Prince, que ma victoire,
Devoit à vos exploits la moitié de ſa gloire ;