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TRAGÉDIE. 347

Vous aimez. On ne peut vaincre fa deftinéc.

Par un charme fatal vous fûtes entraînée.

Eft-ce donc un prodige inoui parmi nous î

L'amour n'a-t-il encor triomphé que de vous ?

La foibleffe aux humains n'eft que trop naturelle.

Mortelle , fubiflez le fort d'une mortelle.

Vous vous plaignez d'un joug impofé dès long-temps.

Les dieux mêmes , hs dieux de l'Olympe habitans ,

Qui d'un bruit fi terrible épouvantent les crimes ,

Ont brûlé quelquefois de feux illégitimes.

Phèdre. Qu'entends-je , quels confeils ofe-t-on me donner ? Ainfî donc jufqu'au bout tu veux m'empoifonner , Malhcureufe ! voilà comme tu m'as perdue. Au jour que je fuyois c'eft toi qui m'as rendue. Tes prières m'ont fait oublier mon devoir. J'évitois Hippolyte , &: tu me l'as fait voir. De quoi te chargeois-tu ? Pourquoi ta bouche impie A-t-elle , en î'accufant , ofé noircir fa vie ? Il en mourra peut-être , &: d'un père infenfé Le facrilège vœu peut-être eft exaucé. Je ne t'écoute plus. Va-t-en , monftre exécrable. Va , laifle-moi le foin de mon fort déplorable. PuifTe le jufte ciel dignement te payer j Et puifle ton fupplice à jamais effrayer Tous ceux qui , comme toi , par de lâches adrefTes , Des princes malheureux nourriflent les foiblcfles , Les pouffent au penchant où leur cœur eft enclin , Et leur ofent du crime applanir le chemin : Détcftables flatteurs , préfent le plus funefte Que puiffc faire aux rois la colère céleftc.

^ N o N E feule. Ah , dieux ! Pour la fervir , j'ai tout fa-t, tout quitté ; Et j'en reçois ce prix 1 Je l'ai bien mérité.

Fin du guatrîlme ÂCle,

Pv)

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