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34^ PHEDRE,

Il faut peidrc Aiicie. Il faut de mon époux , Contre un fang odieux , réveiller le courroux. Qu'il ne fe borne pas à des peines légères , Le crime de la fœur pafTe celui des frères. Dans mes jaloux tranfports je le veux implorer.

Que fais -je ? Où ma raifon fe va-t-elle égarer ? Moi jaloufe ? Et Théfée eft celui que j'implore ! Mon époux eft vivant, & moi je brûle encore ! Pour qui ? Quel eft le coeur où prétendent mes vœux Chaque mot fur mon front fait dreflcr mes cheveux. Mes crimes déformais ont comblé la mefure. Je rcfpire à la fois l'incefte Se l'impofture. Mes homicides mains , promptes à me venger , Dans c fang innocent brûlent de fe plonger. Miférable ! Et je vis ? Et je fouticns la vue De ce facré foleil dont je fuis defcendue ? J'ai pour ayeul le père & le maître des dieux. Le ciel , tout l'univers eft plein de mes ayeux. Où me cacher î Fuyons dans la nuit infernale. Mais que dis-je ? Mon père y tient l'urne fatale. Le fort, dit-on , l'a mifc en Ces févères mains. Minos juge aux enfers tous les pâles humains. Ah , combien frémira fon ombre épouvantée , Lorfqu'il verra fa fille , à fes yeux préfentée , Contrainte d'avouer tant de forfaits divers , Et des crimes, peut-être inconnus aux enfers ! Que diras-tu , mon père , à ce fpedtacle horrible ? Je crois voir de ta main tomber l'urne terrible ; Je crois te voir, cherchant un fupplice nouveau , Toi-même de ton fang devenir le bourreau. Pardonne. Un Dieu cruel a perdu ta famille. Reconnois fa vengeance aux fuicurs de ta fille. Hélas , du crime afFrcux dont la honte me fuit , Jamais mon trifte cœur n'a recueilli le fruit 1 Jufqu'au dernier foupir de malheurs pourfuivie , Je rends dans les tourmens une pénible vie.

(ΠN G N E.

Hé, repouflcz. Madame, une injufte terreur. Regardez d'un autre œil une excufablc erreur.

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