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Thésée.

Non, Madame, en mon sang ma main n’a point trempé ;
Mais l'ingrat toutefois ne m’est point échappé.
Une immortelle main de sa perte est chargée,
Neptune me la doit, & vous serez vengée.

Phèdre.

Neptune vous la doit ! Quoi , vos vœux irrités…

Thésée.

Quoi, craignez-vous déjà qu’ils ne soient écoutés ?
Joignez-vous bien plutôt à mes vœux légitimes.
Dans toute leur noirceur retracez-moi ses crimes.
Echauffez mes transports trop lents, trop retenus.
Tous ses crimes encor ne vous font pas connus.
Sa fureur contre vous se répand en injures.
Votre bouche, dit-il, est pleine d'impostures.
Il soutient qu’Aricie a son cœur, a sa foi,
Qu’il l’aime.

Phèdre.

Quoi , Seigneur ?

Thésée.

Il l'a dit devant moi.
Mais je fais rejetter un frivole artifice.
Espérons de Neptune une prompte justice.
Je vais moi-même encore, au pied de (es autels ,
Le presser d’accomplir ses sermens immortels.

SCENE V.

PHÈDRE seule.

IL SORT. Quelle nouvelle a frappé mon oreille î Quel feu ^al étouffé dans mon cœur fe réveille ? Quel coup de foudre , ô ciel î & quel funeftc avis î Je volois toute entière au fecours de fon fils ; Et m’arrachant des bras d’(ffinone épouvantée , Je cédois au remords dont j’étois tourmentée. Qui fait même où m’alloit porter ce repentir î Peut-être à m’accufer j’aurois pu confentir.

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