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TRAGÉDIE. si^

Fuis , traîcre. Ne viens point brkver ici ma haine » Et tenter un courroux que je retiens à peine, C'cll bien aflez pour moi de l'opprobre éternel D'avoir pu mettre au jour un Hls fi criminel , Sans que ta mort encor , honteufe à ma mémoire , De mes nobles travaux vienne fouiller la gloire. Fuis. Et , (i tu ne veux qu'un cliâtiment ibudain T'ajoute aux fcélérats qu'a punis cette main , Prends garde que jamais l'aitre qui nous éclaire Ne te voie en ces lieux mettre un pied téméraire. Fuis , dis-je ; &c , fans retour , précipitant tes pas , De ton horrible afpeél purge tous mes états.

Et toi, Neptune, & toi, il jadis mon courage D'infâmes aflaflins nettoya ton rivage , Souviens-toi que , pour prix de mes efforts heureux. Tu promis d'exaucer le premier de mes voeux. Dans les longues rigueurs d'une prifon cruelle , Je n'ai point imploré ta puiflance immortelle. Avare du fecours que j'attends de tes foins , Mes vœux t'ont réfervé pour de plus grands befoins. Je t'implore aujourd'iiui. Venge un malheureux père : J'abandonne ce traître à toute ta colère. Etouffe dans fon fang Ces délits effrontés. Théféc à ces fureurs connoitra tes bontés.

HiPPOLYTE.

D'un amour criminel Phèdre accufe Hippolyte I Un tel excès d'horreur rend mon ame interdite. Tant de coups imprévus m'accablent à la fois , Qu'ils m'otent la parole , & m'étouffcnt la voix.

Thésée. Traître , tu prétcndois qu'en un lâche filencc Phèdre enfeveliroit ta brutale infolence. Il falloir, en fuyant , ne pas abandonner Le fer qui , dans fes mains , aide à te condamner. Ou plutôt il falloit, comblant ta perfidie , Lui ravir tout d'un coup la parole & la vie.

Hippolyte. D'un mcnfonge fi noir juftement irrité. Je dcvrois feirc ici parler la vérité , P î

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