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TRAGÉDIE. iZ9

(S N O N E.

Il a pour tout le fèxc une haine fatale.

P H E DR E.

Je ne me verrai point préférer de rivale.

Enfin , tous tes conleiJs ne font plus de faifon :

Sers ma fureur , (Knone , Se non point ma raifon.

II oppofe à l'amour un cœur inacceffible ;

Cherchons, pour rattac[uerj quelque endroit plus fcnfibk.

Les charmes d'un empire ont paru le toucher,

Athènes l'attiroit , il n'a pu s'en cacher ;

Déjà de Ces vaiflèaux la pointe étoit tournée ,

Et la voile flottoit aux vents abandonnée. ■

Va trouver de ma part ce jeune ambitieux ,

(Enone. Fais briller la couronne à Ces yeux.

Qu'il mette fur fon front le facré diadème :

Je ne veux que l'honneur de l'attacher moi-même.

Cédons-lui ce pouvoir que je ne puis garder.

Il inftruira mon fils dans l'art de commander.

Peut-être il voudra bien lui tenir lieu de père ;

Je mets fous fon pouvoir Se le fils &c la mère.

Peur le fléchir enfin tente tous les moyens.

Tes difcours trouveront plus d'accès que les miens.

Prefle , pleure, gémis , peins-lui Phèdre mourante ,

Ne rougis point de prendre une voix fuppliante,

Je t'avouerai de tout, je n'efpère qu'en toi.

Va , j'attends ton retour pour difpofer de moi.

��SCENE IL

T H E D R E feule.

V_/ TOI , qui vois la honte où je fuis defcendue ; Implacable Vénus, fuis- je aflcz confondue î Tu ne faurois plus loin poufl'cr ta cruauté. Ton triomphe eft parfait, tous tes traits ont porté. Cruelle, fi tu veux une gloire nouvelle , Attaque un ennemi qui te foit plus rebelle»

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