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?i8 PHEDRE,

Vous-même, en ma faveur vous voulez vûus trahir î N'éroit-ce pas aflez de ne me point hair î Et d'avoir, fi Jong-temps , pu défendre votre ame De cette inimitié. . . .

HlPPOLYTE.

Moi, vous hair. Madame! Avec quelques couleurs qu'on ait peint ma fierté , Croit-on que dans Ces flancs un monlbe m'ait porté Quelles fauvages mœurs , quelle haiiae endurcie Pourroit, en vous voyant, n'être point adoucie î Ai-;e pu réfîfter au charme décevant ... *

A R I C I E.

Quoi , Seigneur I

HlPPOLYTE.

Je me fuis engagé trop avant. Je vois que la raifon cède à la violence. Puifque j'ai commencé de rompre le filence , Madame , il faut pourfuivre. Il faut vous informer D'un fecret que mon cœur ne peut plus renfermer. Vous voyez devant vous un prince déplorable , D'un téméraire orgueil exemple mémorable. Moi, qui, contre l'amour fièrement révolté , Aux fers de i'cs captifs ai long- temps infulté j Qui , des foibles mortels déplorant les naufrages , Penfois toujours du bord contempler les orages 5 AiFervi maintenant fous la commune loi , Par quel trouble me vois-je emporté loin de moi î Un moment a vaincu mon audace imprudente. Cette ame fî fuperbe eft enfin dépendante. Depuis près de fix mois , honteux , défefpéré , Portant par-tout le trait dont je fuis déchiré , Contre vous , contre moi vainement je m'éprouve. Préfente je vous fuis , abfente je vous trouve. Dans le fond des forêts votre image me fuit. La lumière du jour , les ombres de la nuit , Tout rerrace à mes yeux les charmes que j'évite 5 Tout vous livre à l'envi le rebelle Hippolyte.

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