Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque foibleſſe qui le rendroit un peu coupable envers ſon père, ſans pourtant lui rien ôter de cette grandeur d’ame avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, & ſe laiſſe opprimer ſans l’accuſer. J’appelle foibleſſe la paſſion qu’il reſſent, malgré lui, pour Aricie, qui eſt la fille & la ſœur des ennemis mortels de ſon père.

Cette Aricie n’eſt point un perſonnage de mon invention. Virgile dit qu’Hippolyte l’épouſa, & en eut un fils, après qu’Eſculape l’eut reſſuſcité. Et j’ai lu encore dans quelques auteurs qu’Hippolyte avoit épouſé & emmené en Italie une jeune Athénienne de grande naiſſance, qui s’appelloit Aricie, & qui avoit donné ſon nom à une petite ville d’Italie.

Je rapporte ces autorités, parce que je me ſuis très-ſcrupuleuſement attaché à ſuivre la fable. J’ai même ſuivi l’hiſtoire de Théſée, telle qu’elle eſt dans Plutarque.

C’eſt dans cet hiſtorien que j’ai trouvé que ce qui avoit donné occaſion de croire que Théſée fût deſcendu dans les enfers pour enlever Proſerpine, étoit un voyage que ce prince avoit fait en Épire vers la ſource de l’Achéron, chez un roi dont Pirithous vouloit enlever la femme, & qui arrêta Théſée priſonnier, après avoir fait mourir Pirithous. Ainſi j’ai tâché de conſer-