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TRAGÉDIE. 187

��SCENE DERNIERE.

ULYSSE, CLYTEMNESTRE, ARCAîù ^ G I N E , Gardes.

Ulysse.

JN ON , Madame , elle vit , & les dieux font contens. •Raflurei-vous. Le Ciel a voulu vous la rendie,

Clytemnestke. iEllc vit ! Et c*eft vous qui venez me l'apprendre î

Ulysse. Oui.c'eft moi, qui.long-temps contre elle & contre vous, Ai cru devoir, Madame, atFermir votre époux : Moi qui, jaloux tantôt de l'honneur de nos armes , Par d'auftèrcs confeils ai fait couler vos larmes 5 Et qui viens, puifqu'cnfin le Ciel eft appaifc , Réparer tout l'ennui que je vous ai caufé.

Clytemnestre. Ma fille î Ah , Prince 1 O Ciel 1 Je demeure éperdue. Quel miracle, Seigneur, quel dieu me l'a rendue î

Ulysse. Vous m'en voyez moi-même , en cet heureux moment, Saifi d'horreur , de joie , & de raviflement. Jamais jour n'a paru fi mortel à la Grèce. Déjà de tout le camp la difcorde maîtrefle Avoir fur tous les yeux mis fon bandeau fatal » Et donné du combat le funcfte fignal. De ce Tpedacle affreux votre fille allarmée, Voyoit pour elle Achille , &: contre clic l'armce. Mais, quoique fcul pour elle, Achille furieux Epouvantoit l'armée , & partageoit les dieux. Déjà de traits en l'air s'élcvoit un nuage ; Déjà couloit le fang , prémices du carnage. Entre les deux partis Calchas s'eft avancé. L'œil farouche , l'air fombre , &c le poil hcrifle.

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