TRAGÉDIE, 371
Tcus les droits de l'Empire en vos mains confies ,
Cruel ! c'eft à ces dieux que vous facrifiez ;
Et loin de repouflcr le coup qu'on vous prépare ,
Vous voulez vous en faire un mérite barbare.
Trop jaloux d'un pouvoir qu'on peut vous envier ,
De votre propre fang vous courez le payer ;
Et voulez , par ce prix , épouvanter l'audace
De quiconque vous peut difputer votre place.
Eil-ce donc être père ? Ah, toute ma raifon
Cède à la cruauté de cette trahifon.
Un prêtre , environné d'une foule cruelle.
Portera fur ma fille une main criminelle l
Déchirera fon fein l Se , d'un œil curieux,
Dans fon coeur palpitant confultera les dieux ï
Et moi, qui l'amenai triomphante , adorée ,
Je m'en retournerai feule Se défefpérée î
Je verrai les chemins encor tout parfumés
Des fleurs , dont fous fes pas on les avoit femés l
Non , je ne l'aurai point amenée au fupplice ,
Ou vous ferez aux Grecs un double facrihce.
Ni crainte , ni refpeû ne m'en peut détacher.
De mes bras tout fanglans il faudra l'arracher*
Auill barbare époux qu'impitoyable pçre ,
Venez , fi vous l'ofez , la ravir à fa mère.
Et vous , rentrez , ma fille , &: du moins à mes loix
Obéiflez encor pour la dernière fois.
��SCENE V.
ACAMEMNON fcuU
l\ DE moindres fureurs je n'ai pas du m'attendre. Voilà , voilà les cris que je craignois d'entendre. Heureux , fi dans le trouble où fiottent mes efprits. Je n'avois toutefois à craindre que fes cris I Kélae , en m'impofant une loi ù févère , Grands dieux , me dcvicz-vous laiflèr un cœur de père î
M iv
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