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TRAGÉDIE. i^j

Que pour croîcre à la fois fa gloire & mon tourment ,

Et la rendre plus belle aux yeux de fon amant.

Hé quoi ! ne vois-tu pas tooat ce qu'on fait pour elle î

On fupprime des dieux la fcntence mortelle 5

Et, quoique le bûcher foit déjà préparé.

Le nom de la vii^ime eit encore ignoré.

Tout le camp n'en fait rien. Dons, à ce fîlencc "

Ne reconnois-tu pas un père qui balance ?

Et que fera-t-il donc ? Quel courage endurci

Soutiendront les afîauts qu'on lui prépare ici ?

Une mère en fureur, les larmes d'une fille ,

Les cris , le défefpoir de toute une famille ,

Le fang à ces objets facile à s'ébranler ,

Achille menaçant tout prêt à l'accabler :

Non , te dis-je , les dieux l'ont en vain condamnée ?

Je fuis , &: je ferai la feule infortunée.

Ah, fi je m'en croyois !

D O R I s.

Quoi , que méditez-vous ?

E R I P H I L E.

Je ne fais qui m'arrête & retient mon courroux ; Que , par un prompt avis de tout ce qui fe paflè , Je ne coure des dieux divulguer la menace , Et publier par-tout les complots criminels Qu'on fait ici contre eux & contre leurs autels.

D o R 1 s. Ah , quel dcfTein , Madame 1

Eriphile.

Ah , Doris , quelle joie î Que d'encens brûleroit dans les temples de Troie I Si , troublant tous les'Grecs &c vengeant ma prifon , Je pouvois contre Achille armer Agamemnon j Si leur haine , de Troie oubliant la querelle , Tournoit contre eux le fer qu'ils aiguifen't contre eilc; Et fi, de tout le camp, mes avis dangereux Faifoicnt à ma patrie un facrifice heureux. Tome lU M

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