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Iphigénie. Hélas ! fi vous m'aimez, fi, pour grâce dernière; Vous daigniez d'une amante écouter Ja prière, C'eft maintenant, Seigneur, qu'il faut me le prouver. Car enfin ce cruel , que vous allez braver , Cet ennemi barbare , injufte, fanguinaire. Songez, quoi qu'il ait fait, fongez qu'il eft mon pèr

Achille. Lui, votre père ? Après fon horrible deflèin , Je ne le connois plus que pour votre affaflin. Iphigénie. C'eft mon père , Seigneur, je vous le dis encore , Mais un père que j'aime , un père que j'adore , Qui me chérit lui-même , '& dont, jufqu'à ce jour. Je n'ai jamais reçu que dss marques d'amour. Mon cœur, dans ce refpeci élevé d;s l'enfance , Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offenfe ; Et loin d'ofer ici, par un prompt changement, Approuver la fureur de votte emportcuient. Loin que par mes difccurs je l'attife moi-même , Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime. Pour avoir pu fouffrir tous les noms odieux , Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux. Et pourquoi voulez-vous qu'inhumain & barbare , Il ne gémilTe pas du coup qu'on me prépare î Quel père de fon fang fe plaît à fc priver ? Pourquoi me perdroit-il , s'il pouvoit me fauver ? J'ai vu, n'en doutez point, fes larmes fe répandre. Faut-il le condamner avant que de l'entendre ? Hélas I de tant d'horreurs fon cœur déjà troublé , Doit-il de votre haine être encore accablé î

Achille. Quoi, Madame, parmi tant de fujets de crainte. Ce font-là les frayeurs dont vous êtes atteinte l Un cruel ( comment puis- je autrement l'appcller î ) Par la main de Calchas s'en va vous immoler ; Et lorfqu'à fa fureur j'oppofe ma tendrelTe , Le foin de fon repos el\ le feul qui vous prelTe l

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