TRAGÉDIE. 15 î
Montrez cjue je vais fuivre au pied de nos autels Un roi qui , non content d'effrayer les mortels , A des embrafemcns ne borne point fa gloire , LaifTe aux pleurs d'une épouie attendrir fa viûoire 5 Et, par les malheureux quelquefois défarmé, Sait imiter, en tout, les dieux qui l'ont formé.
E R I P H 1 L E. Oui , Seigneur , des douleurs foulagez la plus vive. La guerre dans Lefbos me fit votre captive 5 Mais c'eft pouffer trop loin Ces droits injurieux. Qu'y joindre le tourment que je foufire en ces lieux»
Achille. Vous, Madame?
Er IP H I L E. Ou*, Seigneur ; &, fans conter le refte , Pouvez-vous m'impofer une loi plusfunefte. Que de rendre mes yeux les triftes fpedateurs De la félicité de mes perfécuteurs ? J'entends de toutes parts menacer ma patrie; Je vois marcher contre elle une armée en furie ; Je vois déjà l'hymen , pour mieux me déchirer. Mettre en vos mains le feu qui la doit dévorer. Souffrez que , loin du camp & loin de votre vue. Toujours infortunée & toujours inconnue. J'aille cacher un fort fi digne de pitié. Et dont mes pleurs encor vous taifent la moitié.
Achille, C'eft trop , belle princeffc. Il ne faut que nous fuivre. Venez, qu'aux yeux des Grecs Achille vous délivre j "^ ' "ue le doux moment de ma félicité le moment heureux de votre liberté.
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