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Pour comble de malheur, les dieux, toutes les nuits, Des cju'un léger fommeil furpcndoit mes ennuis , Vengeant de leurs autels le fanglant privilège , Me Ycnoient reprocher ma pitié facrilège ; Et préfcntant la foudre à mon efprit confus , Le bras déjà levé , menaçoient mes refus. Je me rendis , Arcas ; & vaincu par Ulyfle , De ma fille, en pleurant, j'ordonnai le fupplîce. Mais des bras d'une mère il falloir l'arracher. Quel funclle artifice il me fallut chercher I D'Achille , qui l'aimoit , j'empruntai le langage. J'écrivis en Argos pour hâter ce voyage, Que ce guerrier, preffé de partir avec nous, Vouloit revoir ma fille , & partir fon époux.

Arcas. Et ne craignez-vous point l'impatient Achille î Avezvous prétendu que, muet & tranquille , Ce héros, qu'armera l'amour & la raifon. Vous laifle pour ce meurtre abuier de fon nom î Verra-t-il à les yeux fon amante immolée î

Agamemnon. Achille étoit abfent , & fon père Pelée, D'un voifîn ennemi redoutant les pfForts, L'avoir, tu t'en fouviens, rappelle de ces bords J Et cette guerre, Arcas, félon toute apparence, Auroit dû plus long-temps prolonger fon abfence. Mais qui peut dans fa courfe arrêter ce torrent î Achille va combattre , & triomphe en courant ; Et ce vainqueur, fuivant de près fa renommée , Hier avec la nuit arriva dans l'armée.

Mais àcs nœuds plus puifians me retiennent le bras. Ma fille , qui s'approche 8c court à fon trépas , Qui , loin de foupçonner un arrêt fi févère, Peut-être s'applaudit des bontés de fon père ; Ma fille ... Ce nom fcul , dont les droits font Ci faints , Sajeunede, mon fang , n'eft pas ce que je plains. Je plains mille vertus , une amour mutuelle , Sa piété pour moi, ma tendrefie pour elle.

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