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io4 M I T H R I D AT E,

Il cft mort ; &: j'en ai , pour garants trop certains ,

Son courage & fon nom trop fufpeds aux Romains,

Ah , que d'un Ci beau lang , dès long-temps altérée ,

Rome tient maintenant fa vidtoire alFurée î

Quel ennemi fon bras leur alioit oppofer !

Mais fur qui , malheureufe , cfes-tu t'excufer ?

Quoi, tu ne veux pas voir que c'eft toi qui Topprimes,

Et dans tous fcs malh;;urs reconnoître tes crimes î

De combien d'afTaffins l'avois-je enveloppé ?

Comment à tant de coups feroit-il échappé î

Il évitoit en vain les Romains & fon frère ;

Ne le livrois-je pas aux fureurs de fon père ?

C'eft moi , qui , les rendant l'un de l'autre jaloux ,

Vins allumer le feu qui les embrafe tous 5

Tifon de la difcorde, & fatale furie,

Que le démon de Rome a formée & nourrie.

Et je vis ? Et j'attends que de leur fang baigné

Pharnace des Romains revienne accompagné î

Qu'il étale à mes yeux fa parricide joie ?

La mort au défefpoir ouvre plus d'une voie.

Oui , cruelles , en vain vos injuftes fccours

Me ferment du tombeau les chemins les plus courts.

Je trouverai la mort jufques dans vos bras même.

Et toi, fatal tiflu , malheureux diadème, Inftrument & témoin de toutes mes douleurs ; Bandeau que , mille fois, j'ai trempé de mes pleurs, Au moins , en terminant ma vie &: mon fupplicc , Ne pouvois-tu me rendre un funefte fervicc } A mes triftes regards , va , cefTe de t'offrit , D'autres armes ^ fans toi , fauront me fecourir ; Et périfle le jour, & la main meurtrière Qui jadis fur mon front t'attacha la première.

P H ΠD I M E.

On vient. Madame , on vient ; & j'cfpére qu'Arcas, Pour bannir vos frayeurs , pone vers vous fes pas.

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