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TRAGÉDIE. i,j

M O N I M E.

Ah , fi vous faviez , prince , avec quelle adiefTe Le cruel cil venu furprendre ma tendrelle I Quelle amicié fincère il aRettoit pour vous I Conreni , s'il vous voyoit devenir mon époux. Qui n'auroit cru ? ... Mais, non, mon amour plus cimida Devoir moins vous livrer à ia bonté perfide. Les dieux qui m'infpiroienc , 6c que f ai mal fuivis , M'ont fait taire trois fois par de fecrets avis. J'ai du continuer. J'ai dû dans tout le refte . . . Que fais-je enfin î J'ai dû vous être moins funefte. J'ai dû craindre du roi les dons empoifonnés , Et ;e m'en punirai , li vous me pardonnez,

KiPHAILÉS.

Quoi, Mada»ie ? C'cft vous, c'eft l'amour qui ra'expofe î Mon malheur eft parti d'une li belle caufe î Trop d'amour a trahi nos fecrets amoureux ? Et vous vous excufez de m'avoir fait heureux î Que voudrois-je de plus ? Glorieux & fidèle , Je meurs. Un autre fort au trône vous appelle : Confcntez-y , Madame ; & , fans plus rélifter. Achevez un hymen qui vous y fait monter.

M o N I M E.

Quoi, vous me demandez que j'époufe un barbare. Dont l'odieux amour pour jamais nous fépare î

X I P H A R É s. Songez que , ce matin , foumife à fes fouhaits , Vous deviez l'épcufer , & ne me voir jamais,

M G N I M E.

connoiflbis-je alors toute fa barbarie ? Ne voudriez-vous point, qu'approuvant fa furie, Apres vous avoir vu tout percé de fes coups, Je fuivilfe à l'autel un tyranni^ue époux ; Et que , dans une main de votie fang fumante, J'aliâfl'e mettre , hélas , la main de votre amante I Allez : de Cc% fureurs fongez à vous garder , Sans perdre ici le temps à me pcrfuader.

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