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TRAGÉDIE, 187

SCENE V.

MITHRIDATE, MONIME.

MlTHRIÛATl.

ijj NFiN j'ouvre les yeux , & je me fais jufticc. C'elt taire à vos beautés un trifte facrifice, Que de vous prcfenter , Madame , avec ma foi , Tout l'âge & le malheur que je traîne avec moi. Juiqu'ici la fortune & la victoire mêmes Cachoient mes cheveux blancs fous trente diadèmes. Mais ce lemps-là n'ert plus. Je régnois, &: je fuis. Mes ans fc font accrus. Me5 honneurs font détruits ; Et mon front, dépouillé d'un fi noble avantage , Du temps , qui l'a flétri , laille voir tout l'outrage. D'ailleurs, mille defl'eins partagent mes efprits. D'un camp, prêt à partir, vous entendez les cris. Sortant de mes vailTeaux, il faut que j'y remonte. Quel temps, pour un hymen, qu'une fuite iî prompte. Madame ! Et de quel front vous unir à mon fort , Quand je ne cherche plus que la guerre &: la mort î Celiez pourtant, celiez de prétendie à Pharnace. Quand je me fais juflice , il faut qu'on fe la faflè. Je ne foutFrirai point que ce fils cdieux. Que je viens pour jamais de bannir de mes yeux , Poflédant un amour qui me fut déniée , Vous faflc des Romains devenir l'alliée. Mon trône vous eft du. Loin de m'en repentir. Je vous y place même , avant que de partir , Pourvu que vous vouliez qu'une main qui m'eft chère, Un fils , le digne objet de l'amour de fon père , Xipharès, en un mot, devenant votre époux , Me venge de Pharnace , & m'acquitte envers vous.

M O N I M £. Xipharès ! Lui, Seigneur î

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