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SCENE IV,

MiTHRIDATE feuL

J E NE le croirai point ? Vain efpoir qui me flatte ? Tu ne le crois que trop , malheureux Mithridatc. Xiphaiès mon rival ? Et, d'accord avec lui, La reine auroic ofé me tromper aujourd'hui î Quoi I De quelque côté que je tourne la vue, La foi de tous les cœurs cft pour moi difparue? Tout m'abandonne ailleurs ? Tout me trahit ici ? Pharnace , amis , maîtrefle î Et toi , mon fils auflî ? Toi , de qui la vertu , confolant ma difgracc . . . Mais ne connois-je pas le perfide Pharnace î Quelle foibleiTe à moi d'en croire un furieux , Qu'arme contre fon frère un delFein envieux , Ou dont le défcfpoir , me troublant par des fables <" Grofïit , pour fe fauver , le nombre des coupables ? Non, ne l'en croyons point ; & , fans trop nous preflè Voyons , examinons. Mais par où commencer ? Qui in'en éclaircira î Quels témoins ? Quel indice ? Le Ciel, en ce moment, m'infpire un artifice. Qu'on appelle la reine. Oui, fans aller plus loin. Je veux l'ouir. Mon choix s'artêre à ce témoin. L*amôur avidement croit tout ce qui le flatte. Qui peut de fon vainqueur mieux parler que l'ingrate Voyons qui fon amour accufera des deux. S'il n'cft digne de moi , le piège efl: digne d'eux. Trompons qui nous trahit. Et,pour connoître un traîtr Il n'ell point de moyens . . . Mais je la vois paroître , Feignons ; & de fon cœur , d'un vain efpoir flatté , Par un menfonge adroit tirons la vérité.

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