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TRAGÉDIE, 183

Embrafez , par nos mains , le couchant Se l'aurore» Remplillez l'univers , fans fortir du Bofphore. Que ks Romains , prclles de l'un à l'autre bout , Doutent où vous ferez, & vous trouvent par-tout.

Dès ce même moment ordonnez que je parte. Ici tout vous retient 5 & , moi , tout m'en écarte 5 Et , fi ce grand deflein furpafle ma valeur. Du moins ce défefpoir convient à mon malheur. Trop heureux d'avancer la fin de ma mifère , J'irai . . . J'effacerai le crime de ma mère ,

(fejettant aux pieds de Mithridate. ) Seigneur , vous m'en voyez rougir à vos genoux. J'ai honte de me voir fi peu digne de vous. Tout mon fang doit laver une tache fi noire, Mais ,c cherche un trépas utile à votre gloire ; Et Rome , unique objet d'un défefpoir fi beau , Du fii^ de Mithridate cil le digne tombeau.

MlTHRIDATEyè Uvaut.

Mon fils , ne parlons plus d'une mère infidelle. Votre père eft content , il connoît votre zèle. Et ne vous verra point affronter le danger, Qu'avec vous fon amour ne veuille partager.^ Vous me fuivrez , je veux que rien ne nous fépare. Et vous, àm'obcir, prince, qu'on fe préparc. Les vaiiî'eaux font tout prêts. J'ai moi-même ordonne La fuite &: l'appareil qui vous eft deftiné. Arbate , à cet hymen chargé de vous conduire , De votre obcifTance aura foin de m'inftruire. Allez ; & , foutenant l'honneur de vos ayeux , Dans cet cmbraflèment recevez mes adieux.

Phaknace. Seigneur . . .

Mithridate. Ma volonté , prince , vous doit fuffire. Obéiffez. C'eft trop vous le faire redire.

Pharnace. Seigneirr , fi, pour vous plaire , il ne faut que périr. Plus ardent qu'aucun au^rc on m'y verra courir»

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