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174 MITHRIDATEs

Et que de mon devoir efclavc infortunée ,

A d'éternels ennuis je me voie enchaînée?

Il Fauc qu'on joigne encor l'outrage à mes douleurs.

A l'amour de Pharnace on impute mes pleurs.

Malgré toute ma haine, on veut qu'il m'ait fu plaire.

Je le pardonne au roi , qu'aveugle fa colère ,

Et qui de mes fecrets ne peut être éclairci.

Mais vous, Seigneur, mais vous, me traitez-vous ainfî?

X I P H A R É s. Ah, Madame , cxcufez un amant qui s'égare ^ Qui , lui-mcme lié par un devoir barbare. Se voit prêt de tout perdre , & n'ofe fe venger î Mais des fureurs du roi que puis-je enfin juger ? Il fe plaint qu'à fes voeux un autre amour s'oppofe. Quel heureux criminel en peut être la caufe i Qui ; Parlez.

M O N I M E.

Vous cherchez , prince , à vous tourmenter Plaignez vo:re malheur , fans vouloir raugmenicr.

XlïHARÉS.

Je fais trop quel tourm.ent je m'apprête moi-même. C'cft peu de voir un père époufer ce que j'aime. Voir encore un rival honoré de vos pleurs , Sans doute, c'eft pour moi le comble des malheurs. Mais , dans mon défefpoir , je cherche à les accroîtr' Madame , par pitié , faires-le moi connoître : Quel ell-il cet amant ? Qui dois-je foupçonner ?

M o N I M E.

Avez-vous tant de peine à vous l'imaginer ? Tantôt , quand je fuyois une injufte contrainte , A qui , contre Pharnace , ai-je adreflé ma plainte^ Sous quel appui tantôt mon cœur s'eft-il jette î Quel amour ai-je enfin fans colère écouté î

XlPHARÉS

O Ciel î Quoi , je ferois ce bienheureux coupabi* Que vous avez pu voir d'un regard favorable î

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