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TRAGÉDIE. 171

Ah , Madame , eft-ce là de quoi me fatisfaire î Fauc-il que déformais , renonçant à vous plaire ? Je ne prétende plus qu'à vous tyrannifer ? Mes malheurs , en un mot , me font-ils méprifer > Ah , pour tenter encor de nouvelles conquêtes , Quand je ne verrois pas des routes toutes prêtes j, Quand le fort ennemi m'auroir jette plus bas , Vaincu, perfécuté, fansfccours, fans états , Errant de mers en mers , &: moins roi que pi' ate , Confervant pour tous biens le nom de Mithridate , Apprenez que , fuivi d'un nom Ci glorieux , Par-tout de l'univers j'atcacherois les yeux ; Et qu'il n'eft point de rois , s'ils font dignes de l'être , Qui , fur le trône afiîs , n'envialTsnt peut-être Au delTus de leur gloire un naufrage élevé. Que Rome & quarante ans ont à peine achevé. Vous-même, d'un autre œil me vcrriez-vous, Madame, Si ces Grecs vos ayeux revivoient dans votre ame î Et puifqu'il faut enfin que je fois votre époux, N'étoit-il pas plus noble , Se plus digne de vous» De joindre à ce devoir votre propre fufFrage , IXoppofer votre eftime au dcltin qui m'outrage , ^' de me rafTurcr , en flattant ma douleur , itre la défiance attachée au malheur ? - quoi , n'avez-vous rien , Madame , à, me répondre » 1 out mon emprefTement ne fert qu'à vous confondre. Vous demeurez muette ; &, loin de me parler, Je vois , malgré vos foins , vos pleurs prêts à couler.

M O N I M E.

Moi , Seigneur ? Je n'ai point de larmes à répandre. Pobéis. N'eft-cc pas allez me faire cntciidreî Bc ne fuffic-ii pas î . . .

Mithridate,

Non , ce n'efl: pas adès, fe TOUS entends ici mieux que vous ne pcnfcz. Te vois qu'on m'a dit vrai. Ma jufte jaloufie ?ar vos propres difcours eft trop bien éclaircic.

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