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TRAGÉDIE. 153

Qu'il te fufïîfe donc, pour me juftifîer, ^ Que je vis , que j'aimai la reine le premier ; Que mon pcie ignoroit jufqu'au nom de Monime , Quand je conçus pour elle un amour légitime. Il la vit. Mais , au lieu d'offrir à fcs beautés Un hymen , & des voeux dignes d'être écoutés ; Il crut que, fans précendre une plus haute gloire. Elle lui céderoit une indigne victoire. Tu fais par quels efforts il tenta fa vertu ; Et que , laflé d'ayoit vainement combattu, Abfcnt , mais toujours plein de fon amour extrême. Il lui Ht par ces mains porter fon diadème. Juge de m.es do'ulcurs, quand àzs bruits trop certains M'annoncèrent du roi l'amour & les delTeins j Quand je fus qu'à fon lit Monime réfervée Avoit pris , avec toi , le chemin de Nymphée. Hélas I Ce fut encor dans ce temps odieux , Qu'aux offres des Romains ma mère ouvrit les yeux. Ou pour venger fa foi par cet hymen trompée , Ou ménageant pour moi la faveur de Pompée , Elle trahit mon père , &c rendit aux Romains La place & les tréfors confiés en Ces mains. Quî devins-je au récit du crime de ma mère '. Je ne regardai plus mon rival dans mon père. J'oubliai mon amour par le fien travcrfé. Je n'eus devant les yeux que mon père cficure. J'anaquai les Romains ; ôc ma mère éperdue. Me vit, en reprenant cette place rendue , A mille coups mortels contre eux me dévouer ; Et chercher, en mourant, à la défavouer. L'Euxin , depuis ce temps , fut libre, & l'eft encore ; Et des rives du Pont aux rives du Bofphore, Tout reconnut mon père, & fes heureux vaifTeaux N'eurent plits d'cnnem.is que les vents Se les eaux. Je voulois faire plus. Je prétcndois, Arbate , Moi-même , à fon fccours m' avancer vers l'Euphrate, Je fus foudain frappé du bruit de fon trépas. Au milieu de mes pleurs , je ne le cèle pas ,

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