une si douce erreur si longtemps possédée,
Je puisse désormais souffrir une autre idée,
Ni que je vive enfin, si je ne vis pour toi?
Je te donne, cruel, des armes contre moi,
Sans doute, et je devrais retenir ma faiblesse:
Tu vas en triompher. Oui, je te le confesse,
J'affectais à tes yeux une fausse fierté;
De toi dépend ma joie et ma félicité;
De ma sanglante mort ta mort sera suivie.
Quel fruit de tant de soins que j'ai pris pour ta vie!
Tu soupires enfin, et sembles te troubler:
Achève, parle.
Bajazet
O ciel! que ne puis-je parler?
Roxane
Quoi donc? Que dites-vous? et que viens-je d'entendre?
Vous avez des secrets que je ne puis apprendre!
Quoi! de vos sentiments je ne puis m'éclaircir?
Bajazet
Madame, encore un coup, c'est à vous de choisir:
Daignez m'ouvrir au trône un chemin légitime,
Ou bien, me voilà prêt, prenez votre victime.
Roxane
Ah! c'en est trop enfin, tu seras satisfait.
Holà! gardes, qu'on vienne.
Scène II.
Bajazet, Roxane, Acomat
Roxane
Acomat, c'en est fait.
Vous pouvez retourner, je n'ai rien à vous dire.
Du sultan Amurat je reconnais l'empire.
Sortez. Que le sérail soit désormais fermé,
Et que tout rentre ici dans l'ordre accoutumé.
Scène III.
Bajazet, Acomat
Acomat
Seigneur,