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Et ſans me rappeler des ombres des enfers,
Dis-moi ce que je gagne, & non ce que je perds.
Parle-moi de régner, parle-moi d’Antigone :
J’aurai bientoſt ſon cœur, & j’ai déjà le troſne.
Tout ce qui s’eſt paſſé n’eſt qu’un ſonge pour moy :
J’étais père & ſujet, je ſuis amant & roi.
La princeſſe & le troſne ont pour moy tant de charmes,
Que… Mais Olympe vient.

Attale
Dieux ! elle eſt tout en larmes.
Scène 5
Créon, Olympe, Attale

Olympe
Qu’attendez-vous, Seigneur ? La princeſſe n’eſt plus.

Créon
Elle n’eſt plus, Olympe ?

Olympe
Ah ! regrets ſuperflus !
Elle n’a foit qu’entrer dans la chambre prochaine,
Et du meſme poignard dont eſt morte la reine,
Sans que je puſſe voir ſon funeſte deſſein,
Cette fière princeſſe a percé ſon beau ſein.
Elle s’en eſt, ſeigneur, mortellement frappée,
Et dans ſon ſang, hélas ! elle eſt ſoudain tombée.
Jugez à cet objet ce que j’ai dû ſentir.
Mais ſa belle ame enfin, toute preſte à ſortir :
« Cher Hémon, c’eſt à toy que je me ſacrifie »,
Dit-elle ; & ce moment a terminé ſa vie.
J’ai ſenti ſon beau corps tout froid entre mes bras,
Et j’ai cru que mon ame alloit ſuivre ſes pas,
Heureuſe mille fois, ſi ma douleur mortelle
Dans la nuit du tombeau m’eût plongée avec elle !

(Elle s’en va.)